Ali’mentation générale | Focus
Focus sur l’Ali’mentation Générale
Article du journal Sud-Ouest publié le 2 février 2024 | © Rédaction et photo : Thomas Jonckeau
Lien web : www.sudouest.fr/culture/ali-mentation-generale
« C’est une cuisine qui attire surtout les femmes du quartier Jean-Moulin. On y fait de la couture et du yoga… et puis on y infuse surtout des créations de compagnies.
Une cuisine solidaire qui accueille des ateliers de yoga, de couture et de jardinage ou encore des artistes en résidence ? Oui, oui, c’est possible. Son nom : Ali’mentation générale. Installé au cœur d’un quartier de Bergerac (Dordogne), c’est à la fois un lieu de création artistique et de rencontres pour la population.
Ce lieu a été créé il y a sept ans, sous l’impulsion d’Henri Devier, cofondateur et, à l’époque, directeur de La Gare mondiale. Après avoir installé son théâtre au cœur du quartier de La Catte, lui et son équipe ont décidé d’ouvrir cette annexe dans un des immeubles du quartier Jean-Moulin.
Une fois de plus, il s’agissait d’implanter la création au cœur de la cité. Et pour convaincre les habitants de pousser la porte, quoi de mieux que les attirer avec de la bonne cuisine ?
Cuisine et ateliers
Concrètement, cet espace, qui était autrefois un appartement et un salon de coiffure, possède aujourd’hui une cuisine fraîchement rénovée, où les cuisinières de « la brigade d’Ali » préparent à manger avec les invendus des magasins Biocoop de l’agglomération.
Les « clients » sont les artistes accueillis en résidence ou bien des associations, lorsqu’elles organisent des événements et ont besoin d’un soutien pour la confection de repas. « Cette activité a explosé, explique Clément Fahy, administrateur de La Gare mondiale. Il y a énormément de monde qui fait appel à nous et l’ancienne petite cuisine n’était plus adaptée. »
Le lieu mêle cuisine, ateliers et création artistique.
Plusieurs fois par semaine, le site accueille aussi des ateliers de yoga et de couture, auxquels participent les habitants du quartier. Ou plutôt les habitantes, car le lieu est exclusivement fréquenté par des femmes. « On ne l’avait pas prévu, analyse Clément Fahy. Les hommes semblent moins sensibles à ce genre d’initiatives. » À l’extérieur, le jardin partagé et ses composteurs offrent aussi un support d’échanges pour les habitants et de création pour les compagnies.
La « dosette »
Pour gérer l’Ali’mentation générale, ses créateurs testent une nouvelle forme de gouvernance, en autogestion : la « dosette », un groupe de huit habitantes qui ont les clefs, cogèrent le lieu avec les salariés de La Gare mondiale et participent aux prises de décision.
L’Ali’mentation générale accueille une dizaine d’événements culturels par an. « Quand une compagnie vient ici, nous faisons en sorte qu’elle touche à toutes les activités, pour impliquer tout le monde », avance Marine Chaugier, la nouvelle directrice de La Gare mondiale.
Ses créateurs testent une nouvelle forme de gouvernance, en autogestion
En ce début d’année, c’est la compagnie Ouï/Dire qui était accueillie en résidence, dans le cadre d’un rapprochement avec Le Cockpit, un endroit à la démarche similaire à celle de l’Ali’mentation générale. Les artistes Marc Pichelin et Louise Collet y préparent un spectacle autour du thème du potager.
Pourquoi ce nom ?
Lors de son inauguration, en 2017, Henri Devier expliquait que le nom d’Ali’mentation générale était « un hommage » à Ali, patron atypique d’une épicerie de Seine-Saint-Denis, qui avait fait l’objet d’un documentaire avant d’être tué à son comptoir par un toxicomane. »
©Thomas Jonckeau