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A FREAKY WEDDING IN THE EMPTY SHACK

Natacha Sansoz et Henri Devier

On l’appelait Cent-Choses-à-La-Fois et lui Cheveux-Chimique.
Elle c’est Natacha Sansoz et lui Henri Devier. Il l’appelle Natach’Apache, elle ne l’appelle pas…
Quelque fois « C’est toi Wilden ? » mais c’est lui qui lui a soufflé ce nom…
C’était un jour de pluie à Mostar sur les bords de la Nertva.
C’est elle qui lui a fait sa demande.
Lui ne sait pas répondre.
Il ne sait plus vraiment qui il est.
Il sait que sa transformation n’est pas encore achevée.
Bientôt il ne parlera plus.
Pas grave nous apprendrons la langue des signes.
Alors il a dit oui sans trop savoir… sans même vouloir
Comme ces trois ponts jetés sur la rivière
Qui ne signent aucune réconciliation.

Natacha Sansoz et Henri Devier ont participé à l’expérience d’I.Team en 2015/2016, il y était question de réfléchir en tant qu’artiste à ce qui aujourd’hui peut faire récit au coeur d’une Europe qui ne parvient toujours pas à poser l’évidence de son existence, le tout sur fond de crise migratoire et de repli identitaire. La frontière au sud devenait cet immense « cimetière-marin-sans-sépulture »…
En 2017 le Relais Culture Europe leur confie l’organisation de la dernière semaine de la session. 2016/2017 d’I .Team. Après un périple partant de Sheffield et passant par Istanbul, Leipzig, Kiev et Valencia ils accueilleront, à La gare mondiale, une vingtaine de participants (artistes, opérateurs culturels) venant de l’Europe et de sa périphérie. Cette semaine a pris pour titre World Wild Words comme pour indiquer une appartenance commune au monde et un désir de participer à son propre détournement. Le monde, la sauvagerie et les mots comme autant de supports pour faire ce l’on dit et dire ce que l’on fait. La radio fut l’épine dorsale de cette semaine tous azimuts où performances, reportages et préparation de repas au sein d’Ali’mentation Générale furent l’occasion d’agir en prise directe avec une ville et ses habitants.
Comment poursuivre et amplifier ce mouvement initié collectivement ? Quelles pistes privilégier ? Comment redéfinir les rôles de chacun au sein de ce « learning lab » européen qu’est I.Team ?
A la suite de diverses rencontres avec le Relais Culture Europe, trois idées ont plus particulièrement retenu notre attention. L’idée de la création d’une « Radio Européenne », celle de travailler à l’élaboration de « Portraits » et celle de poser clairement une présence artistique tout au long de l’année sous la formes de « résidences itinérantes ». Natacha Sansoz et Henri Devier ont décidé de prendre la balle au bond en s’appuyant sur le projet « The Empty Shack ».

« Au départ il y a le projet The Empty Shack (la cabane vide) et ensuite la rencontre entre Henri Devier et Natacha Sansoz, lui vient du théâtre, elle des arts visuels et les deux décident de faire un mariage contre nature « A Freaky Weedding in The Empty Shack ».

A Freaky Wedding… est à la fois un projet dual, un essai d’occupation et une création itinérante. Il s’établit sur des territoires inconnus, au centre ou à la périphérie des villes traversées (Mostar, Sarajevo, Paris, Bergerac, Berlin, Izmir, Redeyef, Mehmet, Bayonne). Pensé comme un récit en construction « A Freaky Wedding in the Empty Shack » expérimente, à travers les deux entités distinctes que sont Natach’Apache et Wilden, un nouveau rapport au monde, un processus radical de transformation. .

Elle est une jeune femme et lui un être hybride, moitié-homme-moitié-monstre. Ils se sont retrouvés sur le bord de la Nertva, cette rivière qui, en un autre temps, fut la ligne de démarcation d’un conflit sanglant qui ravagea la ville de Mostar. Tel fut, est et sera le point de départ de cette épopée qui, d’expérience en expérience, travaille à ce rapprochement inéluctable qu’ils ont eux-mêmes nommé leur « Freaky Wedding ».

« The Empty Shack » accompagne leurs corps-voyageur. Elle se présente sous la forme d’un plan dessiné avec ses cotes, descriptif des éléments indispensables à sa fabrication. Elle peut être reconstituée à n’importe quel endroit du globe à partir d’éléments récupérés, recyclés ou simplement achetés. Elle n’est pas transportée elle est en quelque sorte téléportée et reconstituée.

Il ne s’agit pas là d’une simple commodité mais d’une adaptation aux conditions de leur propre mutation. Ce qui se joue ici, comme dans l’éclatement de notre présence au monde, est d’inventer des espaces précaires capables d’accueillir des subjectivités composites, comme autant de pièces détachées à ré- agencer. Les éléments technologiques constitutifs de cette cabane vide sont insérés et dispatchés dans leurs valises personnelles et placés dans la soute des avions low-cost qui les transportent.

Ce processus se construit en plusieurs temps comme s’écrit cette histoire d’amour improbable. Son ambition dépasse les modalités de production habituelles d’un objet artistique. Entre craft art et création contemporaine cette expérience pose les bases d’une nouvelle économie fondée sur l’échange, les savoirs faire traditionnels et leur détournement. La cérémonie y est questionnée comme l’une des ressources à ce récit d’anticipation.

« Je est un hôte » pourrait bien être le fil conducteur de ce projet protéiforme. « Qui est l’hôte ? » Question schizoïdique et profondément politique qui dit à la fois celui qui invite, celui qui s’invite et celui qui est convié. C’est aussi une question de microarchitecture qui s’établit au sein de l’espace public. Comment dire l’espace intime au sein de cet espace partagé ? Comment créer les conditions de la conversation ? Comment faire du seuil un espace de narration, celui d’une épopée en construction ?

AGENDA

Semaine # 1 [23 au 30 septembre 2017] Pavarotti Music Centre
De Mostar à Sarajevo : la rencontre sur les bords de la Nertva
Henri et Natacha se jettent à l’eau au propre comme au figuré… naissance du projet : « A Freaky Wedding In The Empty Shack» et de deux nouvelles entités « Natach’Apache et Wilden »

Semaine # 2 [23 au 27 octobre 2017] Relais Culture Europe
Paris ville-monde : qu’est-ce qu’un mariage contre-nature ? (attente en absence et récits récoltés)
Wilden achève sa métamorphose pendant que Natach’apache en robe de mariée prend le train pour Paris. Elle pose son tapis devant la gare du nord, invite et recueille un premier récit.

Semaine # 3 [1 au 13 novembre 2017] Ali’mentation Générale
Bergerac : We Decide How We Reside
Construire son empty shack et prendre possession des lieux. Natach’apache et Wilden s’essaient à la vie commune à l’entrée de l’hiver. Premier essai d’occupation. Habiter, cuisiner, récupérer et échanger au sein du quartier Jean moulin non loin d’Ali’mentation Générale. Cosmopolitiques de l’hospitalité.

Semaine # 4 [3 au 8 décembre 2017] Kotti Shop
Berlin : Kreuzberg nous ouvrira-t- il les portes de l’Orient ?
A la recherche d’un nouvel usage du monde. L’orient au coeur de l’Europe, le temps des préparatifs pour une nouvelle cérémonie et un nouvel essai d’occupation prévu en mai 2018.

Semaine # 5 [28 janvier au 2 février 2018] K2 Contemporary Art Center
Izmir : si près et déjà si loin de l’Europe
Réaliser un tapis pour l’Espace-Hospitalité et faire broder l’esquisse du pont de Mostar élaborée par un groupe de femmes du quartier Jean Moulin à Bergerac. L’expérience du craft art et les prémices d’une nouvelle économie basée sur l’échange des savoir-faire.
Deux temps forts : « Qu’est-ce que faire récit ? » et « Mise à Plat » installation au K2 Contenponary center

Semaine # 6 [8 au 13 avril 2018] Dar Eyquem à Hammamet + Economat à Redeyef
L’approche des rituels
Quels enjeux pour les corps ? Danse et transformation.

Semaine # 7 [3 au 10 mai 2018] Kotti Shop
Berlin : nouvel essai d’occupation
The Empty Shack au coeur du quartier de Kreuzberg

Semaine # 8 [27 mai au 2 juin 2018] Nekatoenea Domaine d’Abbadia
Fontarrabie : A Freaky Wedding in the Empty Shack. Cérémonie

Semaine # 9 [5, 6 et 7 septembre 2018] Anis gras le Lieu de l’Autre
Arcueil : A Freaky Wedding in the Empty Shack. Installation

DOCS DÉTAILLÉS

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